Ami Toulousain, tu as passé une année difficile : grève, élections, réforme, pandémie, tu ne sais plus très bien où tu en es !
Sur la Bonne Voix est un atelier de développement personnel au cours duquel tu pourras retrouver le droit chemin par le chant. Ses deux animateurs Stéphanie de Morano et Lucas-Huzac Ferrand se donnent pour objectifs de te faire assumer tes convictions les plus honteuses sans aucun complexe ! Pour cela rien de plus simple : il suffit de chanter. Un thème te préoccupe ? L’écologie ? L’uberisation ? Le racisme ? N’attends plus, Sur la Bonne Voix se fait fort de chanter tout haut ce que tu penses tout bas !
Derrière Gérard, Gérard chavire sur le Steinway. Il ne peut pas se faire plus discret qu’il ne l’est déjà, il ne peut pas se courber plus, il ne peut pas se cacher dans le meuble, il ne peut pas se fondre dans les cordes, alors tout simplement, il ferme les yeux. Il laisse la musique répondre à Gérard, remplir l’espace. Ses mains expertes se posent avec la douceur de la plume sur le clavier tandis que la voix de Gérard faiblit et se casse même. Dis, quand reviendras-tu? Dis, au moins le sais-tu? Ses grands yeux mouillés brillent comme ceux d’un chien fatigué… De grandes rides barrent son large front dégarni, des poches gonflées soulignent ses yeux… Il fronce les sourcils… retient ses larmes… son regard triste se perd… Que tout le temps qui passe ne se rattrape plus… Et ma gorge se serre…
Une petite cantate. Du bout des doigts. Obsédante et maladroite. Monte vers toi.
« Obsédante » cela signifie qu’elle revient tout le temps, elle s’acharne. (Dans le Larousse, Obsédant, ça veut dire qui tourmente l’esprit, les sens par sa présence continuelle, c’est pour ça.)
« Monte vers toi » on parle de quelqu’un qui est en hauteur. (Un parachutiste ? Un pilote d’aviation ? Un grutier ?) […]
Mais tu es partie – fragile – vers l’au-delà. On comprend qu‘elle parle à un mort. (Ah bon ? )
Je te revois souriante. Assise à ce piano, là. Le mort est une morte. (Parce que y a un « e » à Souriante et un autre à Assise, c’est pour ça.)
“Il vaut mieux faire des conneries que s’économiser.”
Et si c’est pas son truc à lui les éconocroques ? Je vais quand même pas lui jeter la pierre surtout après une vidéo pareille. Pour moi Gégé c’est un Acteur ! Un feu d’artifice ! C’est Le Dernier Métro, Trop Belle pour Toi, Rodin, Martin Guerre, Cyrano, Mammuth ! Et puis maintenant, à la vie, à la mort, ce sera Depardieu chante Barbara et mille Kleenex mouillés au Cirque d’Hiver.
Et puis Daguerre aussi c’est un grand Gérard. Pas aussi tapageur que Gégé peut-être quoiqu’ils doivent fréquenter les mêmes cavistes, mais enfin lui aussi, faudra dire au marbrier de pas oublier la majuscule au moment de graver son prénom pour l’éternité. Bah quoi ? Ils rajeunissent pas les Gégé… C’est peut-être même ça qui les rend beaux ?
En revanche, autant vous prévenir, côté réalisation, on est loin de Games of Throne, vous verrez. Mais ça ne nuit pas à la production pour un sou. Le pitch ce serait Barbara qui rencontre ses deux potes Gérard autour d’un grand piano, noir évidemment. Une alchimie parfaite pour un moment suspendu d’amitié, de tendresse et d’amour.
J’ai eu envie de partager, que ce soit un peu Noël avant Noël… Oubliez pas les Kleenex !
Et que fait le gouvernement pour sauver la Biscuiterie Nantaise ? Rien ! J’ai bien l’impression que depuis que Julien Lepers a quitté Question pour un Champion, le monde marche sur la tête. Enfin, quand je dis marche… il trottine et c’est IN-SUP-POR-TA-BLE!!!
Je HAIS les trottinettes. Bon, jusqu’à six ans, je les tolère. Mais au-delà, l’usage devrait être passible de poursuites ou comme à New-York, carrément prohibé (encore une bonne raison de préférer les Démocrates !). Grâce à Slate , j’ai découvert que cet appareil démoniaque était né en 1915 aux États-Unis. L’Autoped roulait à l’essence et était destiné aux femmes mais ça n’a pas été un franc succès (avec un nom pareil, ils auraient pu anticiper) et fort heureusement sa production s’est arrêtée après 5 ans… pour réapparaître un peu plus de cent ans plus tard, en version électrique, chez les yuppies de la Silicon Valley qui se sont senti obligés de contaminer le reste du monde.
Mais ces adultes régressifs qui filent sur leurs bolides ont-ils tout d’abord et tout bonnement perdu le sens de la dignité ? Ils affichent un air supérieur quand ils croisent un piéton et carrément méprisant quand c’est un usager d’Airwheel ou de Hooverboard. Mais ils se sont vus slalomer entre les autos en costard cravate ou en talon de douze l’oreillette Bluetooth vissée au tympan ? Pour le sex-appeal, pardon, mais on est loin de Brando sur sa Triumph ou de Paulette sur sa bicyclette. Une fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec Michel Onfray, philosopheur du XXIème:
« Quand je vois ces grands adultes sur des trottinettes avec des shorts, des chaussures de sport, avec des écouteurs, qui ont des tatouages partout […], je me dis qu’effectivement, il y a une infantilisation qui me déplaît». (Europe 1, Août 2016)
Quand je vous disais que je vire réac, c’était vrai. En revanche, quand je vous disais entre les autos, c’était des conneries. Combien de Fangio low-cost voit-on filer sur les trottoirs à 30km/h manquant d’écraser au passage une cycliste qui attachait tranquillou son vélo sur un espace de stationnement ou une mamie bigoudi justement de sortie avec son bichon monégasque ? Quand ce n’est pas le bichon ou la mamie qui manquent de s’empaler sur la potence d’une Lime abandonnée alors qu’ils sortaient de la Boucherie Sanzot. Combien de Duchesnay des caniveaux, jolis couples tendrement enlacés sur leur patinette, glissent le long des voies cyclables le coeur léger, les cheveux au vent et l’équilibre incertain, grillent le feu rouge et se viandent en plein milieu d’un carrefour juste comme le feu passait au vert ? Combien de ces pilotes 2.0 abandonnent-ils lâchement leurs trottinettes n’importe où ? C’est à croire qu’ils laissent tomber subitement leur véhicule au beau milieu du macadam et s’enfuient en courant. Est-ce qu’un brusque sentiment de honte les envahit tout soudain ? Est-ce la peur d’être surpris par quelqu’un de leur entourage en flagrant délit de free-floating ? Ils ont beau répéter que c’est écolo, pas cher (c’est vrai), que c’est le véhicule du futur (c’est faux), je suis sûre que c’est pour se rassurer. Quand j’étais petite, j’imaginais que dans le futur, on conduirait des voitures volantes, qu’elles iraient dans l’espace, qu’elles seraient reliés à un ordinateur hypra-super-intelligent et que même Batman pourrait bien aller se rhabiller avec sa Batmobile. Batman tu peux laisser ta Batcape au placard, le futur c’est pas pour demain. Aujourd’hui, Robin préfère sillonner Paname en trottinette. A quand le trotteur hors-bord électrique ! Moi, j’ai la nostalgie de la R16 de mon père avec ses sièges en sky et ses manivelles manuelles pour ouvrir les vitres et je me dis que c’était mieux avant…
Ce matin, pour accompagner ma tasse de Lapsang Souchong (rien à voir avec Alain), j’ai eu la bonne idée de lancer la playlist aléatoire de Marius, mon Asus (à l’occasion je vous présenterai aussi Mokthar, ma guitare et Fausto, mon vélo). Et voilà que sans prévenir Marius m’a balancé un vieux titre délavé au milieu du salon. Debout, la tasse de thé fumant à la main, j’écoute Maurane chanter Ce que le blues a fait de moi et c’est moi qui l’ai, le blues… A l’instar de son interprète, la chanson n’est pas impérissable. Sa voix en revanche… Marius s’improvise DJ. Il enchaine au hasard quelques morceaux de la playlist Maurane et soudain, la vaisselle, le Pôle Emploi, les cours de théâtre peuvent bien attendre un peu. Désœuvrée, je m’installe un moment dans mon fauteuil et me laisse envelopper par le ruban chaud et délicat de cette voix particulière. Que chacun se rassure, je ne vais pas me lancer dans un grand hommage. Un tout petit peut-être. A la réflexion, je trouve dommage qu’elle en ait eu si peu, d’hommages. Ou bien j’ai mal lu. Ou bien je me trompe sur la définition du mot hommage. Quelques copines chanteuses du Star System sont rapidos venues témoigner de leur peine dans les médias, j’imagine que c’était très touchant, j’y ai
Maurane est partie partie trop tôt, sans prévenir… Elle laisse un vide dans ce drôle de truc indéfinissable qu’on appelle la variété qu’on aime et qu’on déteste à la fois. Elle laisse aussi un vide dans mon cœur d’artiste et de femme.
Dans mon salon, Maurane chante Je n’ai que ça. Cette chanson a fait un bide. En 2008, Grégoire révisait ses maths avec Toi + moi. Moi non. Retourne à tes calculs Grégoire. Depuis 10 ans, j’écoute Maurane chanter que sa voix est ce qu’elle a de plus précieux au monde, sans fioriture, sans prétention. Chaque fois ça me bouleverse, et ce matin encore…
Sans transition, Marius change de playlist. A présent, Higelin entonne à tue-tête Poil dans la main.
Tu fais chier Marius.
…
Attends, attends! Ne pars pas! Écoute-moi… Oui bon ça va, tu m’as comprise… Lis-moi au moins! Allez, je t’en prie, laisse-moi t’expliquer! Michel et moi ce n’est pas du sérieux! Je t’assure. C’est pour rire! Je te jure, je n’ai rien fait pour que ça arrive. Michel m’est tombé dessus sans que je m’y attende. Euh… c’est une image, tu l’as bien compris? Dans le doute, je préfère préciser, on ne sait jamais.
Le lendemain, en route pour Paris dans l’interminable train SNCF Intercités 100% Eco et 0% Confort, j’étais un peu sonnée. C’est à peine si je pouvais avaler mon sandwich en carton. Comment t’avouer mon infidélité? J’avais honte, tu comprends? Si, si, je t’assure. Au moins un peu. Mais comment te dire… Ce soir là à Toulouse, j’ai éprouvé comme un plaisir étrange et pervers… Un peu comme celui qu’éprouve l’adolescent boutonneux à l’heure de percer l’énorme bubon blanc et acnéique qui lui orne le front. Cher lecteur saurais-tu me comprendre? Probablement non. C’était juste un soir après tout… Qui le saurait? A quoi bon te faire souffrir inutilement? J’ai préféré ne rien te dire et le temps a passé. Tu ne t’es douté de rien et les concerts ont repris entre nous comme si de rien n’était.
Et puis… Un an plus tard… C’était un soir d’Avril cette fois-là, j’ai remis ça. Je voulais dire non. Vraiment. Mais l’attirance était trop forte. Le souvenir de ce plaisir malsain brulait encore au fond de moi. J’en voulais encore! Une fois de plus, c’était à Toulouse, au Bijou cette fois. Ce soir-là, nous n’étions plus que quatre sur la scène. Nos anciens compagnons, plus sages, avaient su dire non à Michel. Sans doute étions nous plus faibles. Nous n’avons pas su résister. La salle quant à elle était comble pour venir assister à notre déchéance musicale. Pour ce second écart, autant te le dire tu finiras par l’apprendre de toute façon, je ne me suis pas contenté de chanter Michel, j’ai aussi fredonné Bernard Tapie. Et Chimène Badi. Et Didier Barbelivien.
Un concert en entraînant un autre, aujourd’hui Virage à Droite, c’est le nom de notre groupe, m’entraîne de scène en scène à Paris, Lyon ou Lille et comme tôt ou tard tu aurais fini par l’apprendre, j’ai préféré tout te dire.
Cher lecteur, je sais comme cet aveu doit te paraître brutal. Après tout, tu n ‘as rien vu venir. Tu avais confiance en moi et j’ai tout gâché. A présent, tu n’as probablement plus aucune estime pour la chanteuse à texte que je suis. Du moins que j’étais jusqu’ici. Tu découvres ces lignes et j’imagine ou plutôt je sais les nausées qui te saisissent. Je les connais, j’ai eu les mêmes. Au début. Prends du Spasfon. Je t’ai déçu. Excuse-moi. Je veux pourtant que tu saches, que ce qui m’arrive, ce qui nous arrive, n’a rien à voir avec toi. Tu as toujours été un public attentif, généreux et aimant envers moi. Tu m’as donné confiance, tu m’as aidée à me sentir drôle, belle même. Tu m’as accompagnée dans les bars, les théâtres, dans la rue, le métro même. Et je t’ai trahi. C’est moi la fautive. Je ne te mérite pas. Allons, ne pleure pas s’il te plaît…. Tu n’as rien à te reprocher.
Je veux que tu saches que je suis prête à tout pour racheter ta confiance. Car malgré Michel (Sardou), et comme dirait Michèle (Torr), je suis restée la même… Celle qui fredonne Barbara dans les allées du Père Lachaise… Celle qui murmure Pierre Perret sous sa douche… Celle qui gazouille Les Frères Jacques sur son vélo… Et celle qui gribouille rimes et refrains au crayon noir dans son vieux carnet usé en espérant qu’ils te plairont peut-être…
Ne m’en veux pas je t’en prie. Je te l’ai dit, au début de ce post, Michel et moi c’est pas sérieux. On a tous nos petits travers après tout. Toi-même, n’as tu jamais fredonné La Java de Broadway ou La maladie d’amour coincé dans les embouteillages ou au mariage de ta belle-sœur Josette? Tu vois bien… Les goûts de chiottes, c’est humain tu sais… Nous ne sommes pas si différents après tout. Simplement, moi je le fais en public. Alors plutôt que de faire ça en cachette, pourquoi ne partagerions-nous pas notre vicieux plaisir? Je sais cher lecteur, tu es probablement de gauche, du moins tu l’étais… Avant… Et Michel Sardou est contraire à tes idéaux. Moi aussi. Mais je préfère en rire alors cher lecteur, jette une oreille à ce Virage à Droite, je t’assure qu’en musique, ça passe – un peu – mieux… Fais-le… Pour toi, pour moi, pour nous!
avec Nicolas Bacchus, Lucas Lemauff, Manu Galure et Stef!
Une vidéo réalisée par le webzine Hexagone
Ce n’est pas du Rimbaud d’accord, mais enfin c’est explicite. Du reste, je porte à votre attention négligente que je n’ai rien à dire, peut-être, mais je me suis quand même fendue de deux Alexandrie, alexandrins!
Bref. Ces derniers temps, ma petite vie égotiste suivait donc un cours tranquille et sans vaguelettes et je me demandais, soucieuse, de quoi j’allais bien pouvoir vous entretenir. Et puis aujourd’hui, voilà que les vaguelettes ont viré au coup de tabac. Les paupières encore engourdies, entre deux bâillements, j’exécute machinalement mon parcours du matin: du lit à la cuisine d’abord et allumer la machine à café, de la cuisine au salon ensuite, brancher la radio et enfin du salon à la salle de bain, observer mon reflet dans le miroir, mesurer l’ampleur des dégâts et soupirer… Soudain, voilà que la voix lointaine de Patrick Cohen m’annonce sans ménagement que Nelson Mandela est mort et me voilà parfaitement réveillée!
Nelson Mandela est mort…
La brosse à dents me tombent des mains. Le dentifrice me coule sur le menton et je reste quelques secondes parfaitement ahurie. « Nelson Mandela n’est plus » répète France Inter croyant sans doute que je n’ai pas bien compris. « Mandela s’est éteint cette nuit à l’âge de 95 ans. » Mais c’est qu’elle insiste la garce. L’envie me prend alors de lui répondre: « Ta gueule! ». En pyjama au milieu du salon, je suis incapable de bouger. Je me sens étrangement vide et j’ai les yeux qui piquent. La radio, sadique, entame alors une litanie d’hommages, d’archives, de témoignages mais je ne l’écoute plus.
Comment est-ce possible? Il y a des personnes que l’on croit immortelles.
Alors que sonnée, je m’assois sur le canapé, les souvenirs se bousculent et comme par hasard, la première chose qui me revient c’est une chanson. Bien sûr. 1989… Johnny Clegg et Savuka enflamment mon électrophone et la télévision. Dans leurs pantalons multicolores, Johnny et ses musiciens noirs et blancs, s’insurgent en musique: Asiiiiiiiiiiiiiiimbonanga (Pour ceux d’entre vous qui ne parleraient pas couramment l’afrikaner, ça veut dire Nous ne l’avons pas vu). Du haut de mes quinze ans, je m’insurge avec eux. En tant que citoyenne du monde, j’exige qu’on libère Mandela! Las, à ma grande surprise, mes exigences ne sont suivies d’aucun résultat…. Comment est-ce possible? Mon adolescence se révolte devant tant d’injustice. Ma conscience politique se réveille, se construit, ouvrant la voie à une longue série de déceptions et d’idéaux désenchantés…Quelques années plus tard, sans que j’y sois pour rien, mon vœu sera pourtant exaucé. Je me souviens d’une allégresse universelle. Je me souviens que la télévision diffusait les images d’un géant au sourire ensoleillé. Et encore une fois, je me souviens en musique. En Écosse, Simple Minds se réjouit de l’évènement et moi avec. Enthousiaste, je reprends avec eux Oh oh oh Mandela’s free…
Le cours de ma petite vie m’appelle et je reprends à présent le chemin de la salle bain. Le long du couloir, soudainement rajeunie, je fredonne ces mélodies à mi voix. Au delà de l’homme et du symbole qui s’est éteint pendant mon sommeil, je réalise qu’elle est loin aujourd’hui mon adolescence. Le reflet du miroir semble d’ailleurs du même avis. Elle est étrange cette sensation qui me saisit. La disparition d’un parfait inconnu qui déclenche à la fois émotion, vide et mélancolie Qui réveille encore les idéaux engourdis d’une citoyenneté souvent déçue…
Dans mon dictionnaire de citations, Madiba me rappelle que :
« La bonté de l’homme est une flamme qu’on peut cacher, mais qu’on ne peut jamais éteindre. »
Regonflée par tant d’optimisme, je me rappelle alors que si on veut changer le monde… on peut! Suffit de s’y mettre. Alors, au boulot!