N’empêche, c’était réussi, hein ma Paulette?
Me voilà donc plantée au milieu de la rue avec un people!!! Que faire? Que dire? En moins d’une seconde mon esprit s’embourbe dans la semoule et je laisse échapper malgré moi : « Mais … oh.. c’est vous? Je ne vous avais pas reconnu » Minable, tarte, irrattrapable. Ma répartie ne peut passer ni pour une marque d’humour ni pour une marque d’admiration. Ma répartie ne passe pour rien en somme. Mon esprit sort deux secondes de ses flocons d’avoine, juste le temps de remarquer que même Nabila aurait fait mieux, tapez-moi. Pour achever d’être parfaite dans le ridicule, je ris bêtement. Hihihi. Hihihi.
Pa-thé-tique!
Cette première rencontre s’est terminée sur un « Au revoir » amical et furtif de Eric qui, noble prince a eu l’élégance de s’en aller, écourtant ainsi à la fois mon malaise et cet échange misérable. Certes, j’ai eu la présence d’esprit de ne pas lui demander de faire de selfie, mais tout de même… Que va-t-il penser de moi quand on se verra la prochaine fois chez Drucker?
Le soir j’étais invitée par mon metteur en scène et néanmoins ami Laurent à une petite sauterie. Il n’est pas connu mais bon, j’y suis allée quand même. Cela se passait au Stade de France. Beyonce et Jay-Z, son mari râpeux, avaient invité quelques amis pour une réception sans façon. Il n’y avait que les intimes, environ 60000 personnes. C’était une soirée très simple. Il faisait beau et la soirée avait lieu en extérieur. A peine sortis du RER nous sentions déjà le doux parfum des merguez, des frites et du graillon que promettaient un barbecue à la bonne franquette, le genre 10€ c’est pas cher avec ou sans moutarde? Très décontractée, Beyonce nous a accueillis en personne, à peine habillée, sans chichis, comme tombée du lit sanglée dans son corset noir, en cuissardes et bas résille. Là encore, je dois bien reconnaître que je n’étais pas au niveau. Vestimentaire certes, mais je parle surtout de hauteur. Vers 18h30, alors que timides, Laurent et moi foulons la Pelouse d’Or de notre amie BeBe, ou la fosse si vous préférez, du haut de mes 162 centimètres, je suis sceptique. A vingt mètres de la scène, nous sommes idéalement placés pour apprécier le spectacle. Sauf que pour ma part je suis entourée de jeunes femmes, black pour la plupart, dont je vais semble-t-il pouvoir apprécier les extensions capillaires toute la soirée. Je vais même pouvoir manger lesdites extensions de certaines et découvrir quel goût a l’acrylique. Qu’importe, je suis là pour voir Beyonce, et rien ne gâchera mon plaisir! Nos hôtes doivent certainement avoir des problèmes avec le traiteur car le concert initialement prévu à 20h, ne commence finalement qu’à 21h. Depuis 2h30 Laurent et moi, l’un quinqua, l’autre quadra, ballotés tous deux de droite et de gauche entre dreadlocks et coupe afro, nous demandons déjà si nos pieds et nos dos survivrons à cette petite sauterie.
Enfin, nos hôtes apparaissent, respirant l’amour et la mousse coiffante. Les autres invités sans aucune réserve, poussent alors des vagissements hystériques. Tout à coup, un champ de portables surgit au-dessus des têtes. Je ne vois désormais plus rien. Sans doute ces braves gens, n’ont pas comme moi l’habitude de fréquenter les people. Grâce à Eric, je sais désormais me tenir. Un sourire sobre suffit pour faire comprendre à B & J que je les remercie de m’avoir conviée à cet évènement.
Les maîtres de maison nous font la surprise d’un concert impromptu avec projection de leurs photos de vacances en bateau et de la petite Blue Ivy. C’est charmant, on a comme l’impression de faire partie de la famille. Beyonce sait vraiment recevoir, elle n’en finit plus de faire la fête : elle chante, elle danse et je suis véritablement sous le charme de la voir ponctuer la soirée de ses effets capillaires majestueux tantôt à droite, tantôt à gauche. Beyonce passe négligemment d’un ventilateur à l’autre et c’est moi qui suis soufflée de la voir exécuter une capilloregraphie décoiffante. Je suis subjuguée. J’apprécie moins la verve de son mari qui arpente le podium, exhibant sa joaillerie et ponctuant chacune de ses interventions de Fuck bitch! et autres Shit nigga. Entre nous, je lui trouve mauvais genre. Je me demande s’il ne se drogue pas? Je dois pourtant admettre que je ne le connais pas aussi bien que son épouse…
Pour finir, Laurent et moi ne voulions pas nous imposer, nous avons donc poliment pris congé, les pieds en feu et le dos en meringue, autour de 23h30.
Quand même, les soirées des people c’est autre chose. Bon, B&J auraient pu prévoir un taboulé, deux ou trois quiches lorraine et un petit blanc pour leurs invités. D’un autre côté, nous aurions pu y penser et ne pas débouler les mains vides. Je ne manquerai pas de me rappeler ce détail quand Johnny m’invitera à son anniversaire.
Ce soir-là, une autre amie fêtait elle aussi son anniversaire à deux pas du Stade de France. Elle est comédienne elle aussi. Je n’y suis pas allée. Elle a beau être très sympathique, personne ne la connaît!